• Arrêtez de consommer de l’aspartame


    Le Pr Jean-François Narbonne, toxicologue reconnu, appelle les Français à cesser de consommer de l’aspartame, un édulcorant présent dans des milliers de produits.

     

    Arrêtez de consommer de l’aspartame

     

    C’est un double coup de massue : deux études scientifiques viennent de mettre en lumière les dangers potentiels pour la santé de l’aspartame, l’édulcorant le plus utilisé au monde. Selon la première, menée au Danemark sur près de 60.000 femmes enceintes, la consommation régulière de boissons gazeuses aux édulcorants (type soda light) augmente de 38 % les risques de naissance prématurée. Boire deux à trois sodas de ce type par jour accroît ce risque de 35 %. Au-delà de quatre canettes par jour, celui-ci bondit de 78 %. La seconde étude, italienne, est signée par l’Institut Ramazzini de recherche en cancérologie environnementale. En exposant 240 rats à l’aspartame à très haute dose, de leur gestation in utero jusqu’à leur mort, elle montre que sa consommation favorise les risques de cancer, notamment du foie et du poumon, chez les spécimens mâles. Aucun impact n’a en revanche été démontré sur les rats femelles.

    D’autres études à venir

    Sans surprise, les industriels contre-attaquent. Ils rappellent que les rapports successifs des autorités sanitaires ont toujours conclu à l’innocuité de l’aspartame. Mais depuis la commercialisation du produit en 1974 aux Etats-Unis, les doutes s’accumulent. Mercredi dernier, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a annoncé son intention « d’examiner sans délai les nouvelles études », en vue d’éventuelles recommandations. Début février, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) se penchera, elle aussi, sur l’étude italienne pour évaluer la nécessité de travaux scientifiques complémentaires. Pour François Narbonne, professeur de toxicologie alimentaire à l’université de Bordeaux, expert auprès de l’Anses, l’enquête danoise est un élément à charge important dans « une barque déjà chargée ». Le toxicologue, qui explique que les tests officiels d’homologation sont obsolètes, appelle d’ores et déjà les Français à cesser dès maintenant leur consommation d’aspartame.

    France-Soir. L’aspartame fait-il courir un risque aux consommateurs ?

    Jean-François Narbonne. L’aspartame est suspect, et depuis longtemps. A dire vrai depuis que cet édulcorant, homologué d’abord aux Etats-Unis en 1973, a été mis sur le marché par la firme Monsanto. Mais les dernières études, italienne et surtout danoise, viennent alourdir une barque déjà chargée.

    F.-S. Qu’apportent ces études ?

    J.-F. N. Ces résultats viennent indiscutablement renforcer les doutes. Cela ne nous surprend donc pas : on sait que, dans l’organisme, l’aspartame produit du méthanol ; celui-ci se métabolise dans le foie en donnant du formaldéhyde, un cancérigène reconnu. Ce n’est pas d’hier que la recherche soupçonne une possible altération de l’ADN liée à la consommation d’aspartame. Les principaux risques sont les cancers, la prématurité du fœtus, mais aussi des risques neurotoxiques avec, à la clé, des troubles du comportement comme l’hyperactivité chez l’enfant.

    F.-S. Pourquoi ces soupçons, mis au jour par des chercheurs, sont-ils systématiquement invalidés par les tests officiels d’homologation des produits alimentaires ?

    J.-F. N. D’abord, les tests officiels ne vérifient pas tout. Sur la neurotoxicité, par exemple, ils sont très faibles. Surtout, les tests officiels d’homologation des produits alimentaires – ceux sur lesquels s’appuient les agences sanitaires en Europe, aux Etats-Unis et au Japon pour rendre leurs avis – sont scientifiquement obsolètes, ils ne sont plus valables.

    F.-S. Autrement dit, vous, les experts des agences, vous rendez des avis à l’aveuglette ?

    J.-F. N. Nous n’avons pas le bon outil. Aujourd’hui, en tant qu’expert, je n’ai aucun moyen réglementaire de faire interdire l’aspartame parce que ce produit arrive à passer tous les tests officiels. Nous avons besoin de nouveaux tests, capable de rechercher les marqueurs de la cancérogénèse, ce que les chercheurs peuvent faire aujourd’hui. C’est ce qui explique la différence de résultat entre leurs études et les tests officiels.

    F.-S. Pourquoi ne disposez-vous pas de ces nouveaux tests ?

    J.-F. N. La procédure est lancée, au niveau mondial. C’est une question sensible, les enjeux sont énormes pour les laboratoires qui vont proposer les tests de cancérogénèse : pour celui qui récupère la mise, c’est le jackpot. Mais il est déjà acquis, c’est important, qu’une fois ces nouveaux tests choisis, toutes les agences sanitaires (européennes, américaine et japonaise), utiliseront les mêmes. Ce sera fait dans quatre à six ans, ce qui est plutôt… rapide !

    F.-S. En tant que toxicologue, que recommandez-vous ?

    J.-F. N. J’appelle les consommateurs à arrêter de prendre de l’aspartame, et j’appelle les médecins à cesser d’en prescrire. C’est comme pour le Mediator, il suffit de regarder l’équilibre bénéfice-risque du produit : l’aspartame cumule des risques, suscite des alertes médicales, et ne présente aucun bénéfice. C’est une invention de l’industrie agroalimentaire qui maintient les gens dans des comportements aberrants. L’aspartame ne présente aucun intérêt nutritionnel et n’a jamais fait maigrir personne.

    F.-S. Les pouvoirs publics seraient-ils fondés à réagir, à publier des recommandations ?

    J.-F. N. Cela relève, en effet, du pouvoir politique. Contrairement à l’Afssaps qui a le pouvoir d’autoriser et d’interdir un médicament, l’Agence alimentaire n’a qu’un pouvoir d’expertise. Elle rend un avis et le pouvoir politique décide. Force est de constater que le pouvoir politique ne suit pas toujours notre avis. Dans le cas du Cruiser, par exemple, nous avons dit que ce pesticide ne pouvait être utilisé à moins de 8 km d’une ruche, or le ministère de l’Agriculture l’a autorisé sans ces restrictions. Les pouvoirs publics seraient fondés, au moins dans le cadre du principe de précaution, à mieux encadrer l’aspartame.

    F.-S. Etes-vous amené à conseiller les entreprises ?

    J.-F. N. Bien sûr, je suis même payé pour ça, au tarif syndical officiel ! C’est un « lien d’intérêt », pas un conflit d’intérêts : je l’ai fait pour Suez sur la dioxine ; je l’ai fait aussi pour Coca-Cola, qui voulait mon avis sur l’aspartame : je leur ai dit de retirer cet édulcorant tout de suite. Il y a au moins une alternative possible dès maintenant pour les consommateurs : la stévia, c’est un produit naturel.

    Par Juliette DemeyValérie Urmann

    Source:   France Soir

     
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